Les chemins d’Ouroux se dégradent

rapport écrit par Laurent Dubourg à titre personnel

Régulièrement les chemins de la commune d’Ouroux sont empruntés. Ainsi, ils sont nombreux les marcheurs, comme les cyclistes mais également les conducteurs de véhicules à moteur à parcourir ces espaces communs. Je n’oublie pas les cavaliers qui les arpentent. On voit donc que tous les modes de transport sont employés permettant ainsi de mieux faire découvrir le Morvan. Mais qu’en est-il du support qu’est le chemin ? Dans quel état est-il ? Mais surtout est-il apte à être foulé régulièrement ? 

Définition du terme chemin

On peut définir le chemin comme étant une voie, mais également un passage. On l’appellera dans ce cas un lieu de cheminement. Il peut être destiné autant à la circulation humaine qu’animale.Il peut être privé quand il se trouve sur un espace accessible par exemple au propriétaire d’un champ, comme public, quand il est géré par la commune, le département ou l’Etat. Enfin, le chemin peut être dit nu quand le sol est apparent ou habillé quand il est revêtu d’une chaussée, qui pourra être composé de pierre ou de bitume. Enfin, il ne s’agit pas de le confondre avec une route. Celle-ci se définit comme étant une voie terrestre. Elle pourra être positionnée sur le sol ou un viaduc, mais surtout elle est aménagée pour permettre la circulation de véhicules à roues. Bien sûr, la route deviendra une rue, à partir du moment où elle est située dans l’espace urbain. 

Des noms différents suivant les régions

Le chemin suivant les régions peut avoir une appellation différente.  Ainsi il pourra être appelé “sente » ou “piésente” dans le nord de la France. Il sera “ceinture” lorsque son tracé fait le tour d’une île, au plus près du rivage. Pour ce qui concerne la Bourgogne, je vous renvoie au site dicobourguignon qui propose un certain nombre de termes désignant le chemin. Je retiendrais principalement “raibotou” et également “chareire” pour le nommer. Je vous laisse imaginer la prononciation, avec ou sans le roulement des R.

Une certaine logique d’entretien

Les chemins qui sillonnent la commune d’Ouroux ont comme particularité,  de ne pas être horizontaux. Nous sommes en effet sur un territoire montagneux, avec des dénivelés importants. Ils font le bonheur de tous ceux qui les empruntent, avec, il ne faut pas l’oublier, un environnement où la plante ligneuse terrestre appelée arbre est particulièrement importante. Présent sur la majorité du territoire de la commune d’Ouroux en Morvan, il amène les chemins à se situer à ce que l’on appelle sous couvert. Le feuillage assure une certaine fraîcheur l’été tout en protégeant l’environnement même du chemin des vents violents. Pourtant, depuis quelques années, la nature même des chemins se détériore. En effet, par le fait même des pluies violentes dues au réchauffement climatique, une érosion importante est en train de s’installer. Ceci touche plus particulièrement les parties pentues qui recevant une masse importante d’eau et ce manière brutale et rapide fait qu’elles s’érodent.

Afin de comprendre la gravité de cette érosion, arrêtons-nous un court instant sur la composition mais surtout la structure même du sol. 

Le sol tel que nous le connaissons est composé de différentes couches qui s’affichent quand on retire successivement celles-ci. Comme le montre le dessin ci-dessus, nous allons trouver : 

  • l’humus qui est la couche supérieure du sol créée, entretenue et modifiée par la décomposition de la matière organique, principalement par l’action combinée des animaux, des bactéries et des champignons du sol. L’humus est une matière souple et aérée, qui absorbe et retient bien l’eau, de pH variable selon que la matière organique est liée ou non à des minéraux, d’aspect foncé (brunâtre à noir), à l’odeur caractéristique, variable selon qu’il s’agit d’une des nombreuses formes d’humus forestier, de prairie, ou de sol cultivé. (source Wikipédia). 
  • la couche arable, appelée aussi couche de surface : elle est la couche supérieure du sol. Elle est celle qui a la plus forte concentration de matière organique et de micro-organismes, ce qui fait d’elle une des parties du sol de la Terre qui a la plus forte activité biologique. Il s’agit de la couche horizon O ou A. La couche arable est composée de particules minérales et de matière organique. Elle s’étend généralement jusqu’à une profondeur de 13 à 25 cm. (source Wikipédia)
  • les éluviaux ou éluvial: ce sont les les dépôts et sols géologiques qui sont dérivés de l’altération ou de l’altération in situ accompagnée d’un mouvement gravitationnel ou accumulation. Dans un profil de sol typique, l’horizon éluvial fait référence à une zone de couleur claire, par exemple du sable en forêt. (source Wikipédia)

Les trois couches que nous venons de citer correspondent au sol, tandis que celles se trouvant plus bas sont considérées comme étant le sous-sol. Justement, dans les photographies qui sont présentées ci-dessous, on constate que les éluviaux sont visibles. Une telle érosion ne pouvant que se poursuivre si aucune action n’est entreprise. 

Qu’entraîne une telle dégradation des chemins ? 

En dehors d’être un inconvénient important dans le passage du chemin qui est raviné, d’autres facteurs moins visibles touchent la partie du chemin subissant cette action d’érosion. Tout d’abord, il y a un appauvrissement majeur des organismes photosynthétiques et autotrophes, caractérisés par des cellules végétales et appelé plus communément des plantes. Cette altération, entraîne de facto une diminution de tout ce qui peut servir à tous les organismes vivants dans le périmètre de la partie ravinée. Il y a donc une disparition autant des insectes, oiseaux et autres locataires de l’espace environnant. De plus, tous les organismes vivants à quelques centimètres sous la surface du sol disparaissent également. Ces deux facteurs entraînent une absence de nourriture pour les espèces vivant dans la périphérie du chemin. 

Un autre point important dans le ravinage des chemins est le déplacement des couches qui composent le sol. Par le fait de leurs mouvements, la partie qui se retrouve recouverte par celles-ci voit une modification dans son processus d’oxygénation naturel. En effet, les deux premières couches, à savoir l’humus et la couche arable, ne se déposent pas là où l’eau vient à  s’écouler ensuite plus lentement et à quitter généralement le chemin. Cela est dû à leur poids et seuls les éluviaux se déposent. Cela entraîne là encore une disparition de la flore et tous les animaux liés à celle-ci. 

Un exemple d’érosion de chemin

Afin de bien comprendre l’érosion d’une partie d’un chemin, je me suis intéressé au chemin de l’Euro. Voici cette série de photographies permettant de bien comprendre le processus d’appauvrissement du chemin. 

Cette photographie prise du haut d’un dénivelé, montre sur le côté gauche du chemin un ravinement qui s’opère actuellement. La partie jaune est l’éluvial tel qu’il est décrit plus haut. 

Dans ce détail du même chemin, on constate que les deux premières couches ont été enlevées. 

Dans le bas du chemin raviné, ne reste que l’éluvial, empêchant par sa présence toute oxygénation naturelle du sol qu’il recouvre. Il y a donc un changement important dans le processus de vie de cette parcelle de chemin. 

Que peut-on faire ? 

Comme on le voit, le ravinage d’une portion d’un chemin, est un processus qui modifie grandement et pour longtemps la vie comme l’espace qui l’entoure. Heureusement, il existe une solution qui doit être mise en place par l’homme. Cela fera l’objet j’espère d’un prochain article, permettant de montrer comment freiner et même arrêter sur le long terme l’érosion des chemins. 

Laurent Dubourg

Un marcheur qui aime le Morvan