La forêt française sous pression
(Par Laurent Dubourg)
Dans son article « Pourquoi la forêt française est sous pression » publié en mai 2024 dans Le Monde diplomatique (abonné), le journaliste Louis Puchot explore les enjeux contemporains auxquels sont confrontées les forêts françaises. Cet écosystème, souvent considéré comme un symbole national, se retrouve aujourd’hui au cœur d’une tempête mêlant pressions économiques, dérèglement climatique et politiques gouvernementales.
Le journaliste L. Puchot commence par dresser un tableau sombre des menaces pesant sur les forêts françaises. Historiquement gérées pour leur bois, elles sont aujourd’hui confrontées à de nouveaux défis, dont les conséquences du changement climatique, les attentes contradictoires des acteurs économiques et la hausse de la demande en bois d’énergie.
« Les forêts hexagonales ne se sont jamais aussi bien portées qu’aujourd’hui, au moins en superficie », note l’auteur, avant de nuancer cette affirmation par les pressions considérables exercées sur leur écosystème.
Une forêt en expansion mais en péril
L’une des premières contradictions soulignées par L. Puchot est le paradoxe entre l’augmentation de la superficie forestière et la dégradation des forêts. En effet, si les forêts couvrent aujourd’hui environ 31 % du territoire français, cette expansion ne signifie pas nécessairement une amélioration de leur état de santé.
- Superficie : La forêt française s’étend désormais sur près de 17 millions d’hectares.
- Santé des forêts : Le changement climatique et la gestion industrielle affectent la résilience des forêts.
« Les incendies, les maladies et la sécheresse affectent désormais gravement des massifs forestiers entiers », affirme L. Puchot.
Les incendies de l’été 2022 ont ravagé près de 70 000 hectares, soit six fois la moyenne annuelle. De plus, les forêts souffrent également de la sécheresse, de maladies (comme l’encre du châtaignier) et des insectes ravageurs (comme le bostryche).
Des pressions économiques croissantes
Les forêts françaises subissent également la pression des marchés mondiaux, notamment en raison de la demande croissante pour le bois d’œuvre et le bois d’énergie. La filière bois représente près de 60 milliards d’euros de chiffre d’affaires et emploie 440 000 personnes.
Le bois d’œuvre
La demande croissante en bois d’œuvre, notamment par les marchés asiatiques, conduit à une exploitation intensive, souvent synonyme de monocultures qui réduisent la biodiversité.
« Les chênes de nos forêts partent ainsi par conteneurs entiers pour l’Asie, où ils sont transformés avant de revenir sous forme de parquets ou de meubles », souligne L. Puchot.
Le bois d’énergie
Parallèlement, le bois d’énergie connaît une forte croissance, notamment pour alimenter les chaufferies industrielles. Cette dynamique est stimulée par des subventions publiques, favorisant une exploitation à court terme des ressources forestières.
« La demande en bois d’énergie a triplé en vingt ans, tandis que le gouvernement promeut l’installation de grosses chaufferies », explique l’auteur.
Les politiques gouvernementales et leurs contradictions
L’auteur critique également les politiques gouvernementales en matière de gestion forestière. Alors que l’État français affiche des ambitions écologiques, ses actions contredisent souvent ses discours.
- Plan national forêt-bois : Ce plan, lancé en 2016, privilégie la rentabilité économique des forêts au détriment de la préservation de la biodiversité.
- ONF : L’Office national des forêts (ONF), institution clé dans la gestion forestière publique, subit des réformes qui le poussent à davantage commercialiser les forêts.
« À force de vouloir faire de la forêt un simple actif économique, l’ONF s’est coupé de ses missions de service public », déplore le journaliste.
Des forêts à l’épreuve du changement climatique
Un autre enjeu majeur abordé par l’auteur est le changement climatique, qui affecte profondément les écosystèmes forestiers.
- Sécheresse : Les épisodes de sécheresse successifs affaiblissent les arbres, les rendant plus vulnérables aux parasites et aux incendies.
- Diversité : Les monocultures, largement encouragées pour des raisons économiques, limitent la résilience des forêts face aux aléas climatiques.
« La monoculture des résineux, promue par les politiques publiques, fragilise la résilience des forêts », explique l’auteur.
L’avenir des forêts françaises
Le journaliste conclut son analyse en soulignant la nécessité d’un changement radical dans la gestion des forêts françaises. Selon lui, les solutions résident dans une approche multifonctionnelle qui prend en compte les enjeux environnementaux, économiques et sociaux.
- Diversification des essences : Promouvoir une diversification des essences pour renforcer la résilience des forêts.
- Gestion durable : Revoir les modèles économiques pour favoriser une exploitation plus respectueuse des écosystèmes.
- Participation citoyenne : Impliquer les populations locales dans la gestion des forêts.
« Redonner une place aux habitants dans la gestion des forêts permettrait de renouer avec une approche plus respectueuse de l’écosystème forestier », conclut L. Puchot.
Conclusion
L’article de Louis Puchot met en lumière les défis complexes auxquels font face les forêts françaises. Entre pressions économiques, changement climatique et politiques contradictoires, les forêts de France sont à un tournant crucial. Seule une gestion intégrée et respectueuse des écosystèmes pourra permettre de relever ces défis et d’assurer un avenir durable aux forêts du pays.